En voiture Simone… Chroniques automobile (Bertha Benz – quand amour et audace font naître l’automobile)
- mendeautopassion
- 19 mars
- 6 min de lecture
Alors qu’ XIX° siècle l’industrie mondiale est marquée par le développement massif des machines a vapeurs, un intérêt soudain pour la mobilités individuelle va changer la face du monde. A l’époque l’on se déplace en campagne avec des charrettes, en ville les bourgeois utilisent la calèche et les aristocrates empruntent le train pour rejoindre les lieux de stations balnéaires. Les moteurs à vapeurs n’ayant pas les qualités requises pour propulser de petits véhicules, la théorie des moteurs à explosion utilisant de l’essence de pétrole semble alors (sur le papier) être une solution envisageable. Des décennies de thèses et de recherches s’en suivent.
C’est en Allemagne que Carl Benz sera le premier à concrétiser enfin ces théories. En 1867 à l’âge de vingt ans, il sort diplômé en ingénierie mécanique. C’est un homme seul, rêveur, idéaliste et sans le sou. Mais une rencontre va bouleverser le cours de sa vie. En 1870 il rencontre Bertha une jeune fille de bonne famille qui tombe vite sous le charme du jeune passionné. Bertha aurait bien aimé elle aussi étudier les sciences. Initié au génie mécanique ferroviaire par son père, elle développe un intérêt pour les sciences. Cependant l’époque n’autorise pas aux femmes les études supérieures. Leurs attraits communs pour le chemin de fer et la mécanique créa un lien immédiat entre les deux jeunes adultes. Faisant fi des convenances Bertha quitte sa situation privilégiée pour s’installer chez Carl à Mannheim dans le fouillis de l’atelier où il effectue ses recherches. Elle va jusqu’à utiliser sa dot afin d’investir dans les projets fous de son bien aimé avec qui elle se mari en 1872 en dépit de la volonté contraire de son père (une rebelle pour l’époque n’est-ce pas ?) abandonnant ainsi son indépendance financière et son statut dans la société bourgeoise.

Carl entame de longs mois de travail consacrés à la création d’un moteur monocylindre et sur sa vision de « la voiture sans chevaux ». Les financent baissent mais sa persévérance et le soutient infaillible de Bertha finissent par enfin payer.
Après la naissance de cinq enfants, c’est en 1886 que Carl et Bertha mettent au monde la toute première automobile à pétrole de l’histoire. Le véhicule « Patent Motorwagen » un tricycle motorisé breveté disposant d’un châssis et d’une barre de direction. Ce brevet est aujourd’hui considéré comme l’acte de naissance de l’automobile. Carl perfectionniste, va poursuivre ses recherches et travaillera a trois prototypes. Malgré son travail il ne parvient pas à propulser son invention au-devant de la scène et n’ose la commercialiser. Mais c’était sans savoir que son troisième prototype aurait droit à un éclairage mondial tout particulier.




Bertha ne le sait pas encore mais elle s’apprête à marquer l’histoire. Un matin d’été 1888 alors que Carl dors encore, discrètement, et à l’aide de ses deux enfants, Eugen et Richard jeunes adolescents, Bertha entre dans le garage à pas feutrés et pousse le tricycle hors de l’atelier jusqu’au bout de la rue, sans bruits. Une fois à bonne distance Bertha démarre l’engin, le monocylindre vibre sous les yeux des passants curieux. Bertha est décidée. Elle à la ferme intention d’atteindre la maison de ses parents, dans la ville de Pforzheim. Une centaine de kilomètres environs séparent les deux villes de Mannheim et Pforzheim (oui je le re écrit pour le plaisir de la lecture). Hors le véhicule n’affiche à son compteur que quelques mètres de distances d’expériences de test moteurs. L’invention de son mari doit être aboutie et faire ses preuves une bonne fois pour toute ! Son investissement et ses sacrifices ne peuvent être vains.
Le périple ne fut pas de tout repos et aura duré pratiquement douze heures. Une fois arrivée à Pforzeihm, Bertha envoya un télégramme à Carl afin de le rassurer et de l’informer de sa performance. Ce n’est que quelques jours après qu’elle le rejoindra au garage à Mannheim afin de lui faire part des difficultés rencontrées lors du voyage. En effet il a fallu plusieurs fois mettre les mains dans le cambouis pour continuer à avancer : rajouter de l’eau de refroidissement en puisant dans les fontaines ou rivières et trouver à tout prix un apothicaire sur la route qui à l’époque est le seul lieu où l’on peut trouver de l’éther de pétrole qui alimente l’engin. Le tricycle ne contient pas de réservoir mais un carburateur de 4,5L de contenance seulement (et oui pas de station essence à l’époque). Le dénivelé des routes ayant fortement sollicité le système de freinage il a également fallu faire appel à un cordonnier pour fixer des talons de cuir sur les patins de bois qui servent à l’époque de système de freins. Bertha venait de créer les plaquettes de freins. Elle utilisa une épingle a cheveux pour déboucher un conduit d’essence, répara une fuite avec une jarretière… (cocasse n’est pas ?) et fit appel à un forgeron pour réparer une chaîne. Son adaptabilité à chaque situation aura fait d’elle une pionnière de son époque et témoigne de son ingéniosité. Elle a également pris soin de tout consigner dans un carnet lors de son périple. En tout et pour tout elle aura parcouru près de 150km de distance au volant d’un véhicule n’excédant pas les 15km/h. Voilà donc le premier « long » trajet de l’histoire et la mise en lumière de l’intérêt des véhicules particuliers.

Ce voyage inédit et ce retour d’expérience détaillé par Bertha permet à Carl de perfectionner son prototype et de lui créer une véritable publicité internationale. Une vitesse supplémentaire est rajouté et les freins rendus plus efficaces afin de mieux franchir les routes. Cette collaboration donne également un avant-goût du métier de préparateur...Bertha sort enfin l’invention de son mari de l’anonymat. La presse s’empare de l’histoire et diffuse aux quatre coins de l’Europe l’incroyable périple de la jeune femme.

L’objectif est enfin atteint. L’année suivante en 1889 la voiture est présentée sous la toute jeune Tour Eiffel lors de l’exposition universelle de Paris. Attirant des millions de visiteurs venant du monde entier des centaines d’inventions y sont présentées. Carl attire l’attention de la future concurrence qui elle aussi s’acharne à la création et la recherche de nouvelles technologies. Des industriels tel que Peugeot spécialisé alors à cette époque dans les moulins à café et récemment diversifié dans la bicyclette. Des aristocrates comme le britannique Charles Rolls (Rolls-Royce), l’italien Giovanni Agnelli (Fiat), l’américain Henri Ford fils de fermier, Herbert Austin baron anglais et inventeur de la machine à tondre les moutons (Austin), Louis Renault fils d’une entreprise spécialisée dans le tissu et les boutons ou le belge Camille Jenatzy qui sera plus tard le premier homme à avoir dépasser les 100km/h…. Vous l’aurez compris les expositions universelles sont au cœur de l’histoire automobile et le berceau d’un échange et de découverte à une époque où le monde change et le rythme industriel s’accélère. Dix ans plus tard 80 constructeurs automobiles seront alors représentés à l’exposition universelle de 1900 à Paris. C’est vous dire avec qu’elle rapidité les ingénieurs et industriels se sont emparés de l’invention automobile à la fin du 19ème siècle.
La première voiture particulière est née. Elle sera la première fabriquée en série suite à une demande de plus en plus grandissante. « Vélocipède » ou « Benz Vélo » sera fabriquée en 1200 exemplaires. Une voiture présentée comme rapide, compacte, légère et familiale. Sa publicité sera fondée sur le trajet effectué par Bertha. Une imagerie fut entièrement crée afin d’illustrer ce que l’on appelle aujourd’hui le « Bertha Benz mémorial route ». En surfant sur l’expérience de sa compagne, Carl remporte le sucés et développera plusieurs engins par la suite. Bertha est considéré aujourd’hui en Allemagne particulièrement et dans le monde entier comme une véritable pionnière de l’Histoire automobile et de son pays. Elle aura propulser au sommet l’invention de Carl par son audace, sa persévérance et son ingéniosité, prouvé sa valeur au mépris d’une société qui ne lui permettait qu’un rôle imposé de femme au foyer et aura changé le quotidien et les vies de chaque générations jusqu’à nos jours. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Ni Carl ni Bertha ne se doutaient qu’un autre ingénieur non loin de Mannheim à quelques kilomètres seulement avait lui aussi son rôle à jouer dans cette histoire….
Quelques dates :
1844 : Naissance de Carl Benz
1849 : Naissance de Bertha Ringer1871 : Bertha investi dans les recherches de Carl1872 : Mariage de Carl et Bertha
1883 : Création de l’entreprise Benz&Co1886 : Naissance de la première automobile à pétrole (tricycle) « Patent Motorwagen » 1886 : Brevet N°37435 déposé
1888 : Premier long trajet automobile par Bertha
1888 : Naissance des plaquettes de freins par Bertha
1889 : Carl passe aux quatre roues « Benz Vélo »
1929 : Décès de Carl à Ladenburg1944 : Bertha est faite Honorable Sénatrice par l’institut KIT1944 : Décès de Bertha à Ladenburg2008 : La « bertha benz Memorial route » est officiellement
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